Je rebondissais ce matin sur le blog de Guilhem Bertholet, qui avait lancé il y a 15 jours une discussion sur l'éternel problème de la pénurie de dévs.
Petit retour d'expérience après 2 ans de Seednetworking et de rencontres en tous genres, retours un peu à la hache mais constatés de nombreuses fois ! Certains points peuvent sonner comme de grosses évidences/généralités, ça me donnera l'occasion d'y revenir en détail dans de prochains posts :-)
Côté porteurs de projet :
1. Vous ne vous rendez pas compte du boulot que vous demandez
... et vous demandez une version bien trop complète de leur service dès le départ.
Avez-vous besoin d'un module de facturation si vous pensez de toute façon offrir les 6 premiers mois du service ?
Avez-vous besoin d'une newsletter alors que vous n'avez même pas encore de testeurs ?
2. Vous cherchez un associé faute de pouvoir payer un salarié.
Ca ne sent pas bon... Un associé partage réellement les risques : c'est-à-dire qu'il apporte autant que possible de l'argent, et qu'il est prêt à encaisser les dérapages en délais et en charge de travail.
3. Vous ne savez pas/ ne vous donnez pas la peine de transmettre votre flamme au futur associé
C'est très souvent le corrolaire du 2. Je n'insiste pas sur le complexe de supériorité d'une vraie proportion des porteurs de projet face au monde des dévs...
4. Vous ne vous rendez pas compte du décalage de perception de la valeur des parts de votre boite.
5. Vous avez du mal à comprendre qu'un bon dév vaut largement aussi cher q'un bon biz dev, en étant même sûrement pus rare.
Côté dev :
1. Vous avez très peu d'armes et de pratique pour évaluer un projet.
J'ai rencontré très peu de dévs capables de poser d'emblée les bonnes questions business, ou suffisamment au courant des ordres de grandeur des boites qui marchent.
2. Vous sous-estimez terriblement la valeur des parts d'une boite en lancement
Les parts, c'est plus ou moins tout ce que le porteur possède pour toute la vie du projet. Chaque dixième de % compte.
3. Vous croyez prendre un gros risque là où il n'y a souvent qu'un manque à gagner.
Le premier risque, c'est de perdre l'argent qu'on a injecté. Le porteur prend souvent le risque de perdre 10 ou 20k€. Les développeurs mettent rarement du cash dans la boite.
Le risque suivant, c'est de ne pas en gagner pendant quelques mois.
Le risque que le projet plante et qu'il faille rechercher du boulot après, il ne pèse pas lourd comme argument...
4. Vous voyez votre participation à une boite en lancement comme une prestation standard.
Mais une boite qui se lance n'a rien à voir avec une boite qui tourne. En particulier elle se doit de changer d'avis toutes le semaines.
Des deux côtés :
Les deux parties comprennent rarement les vrais enjeux derrière le choix d'une rémunération en parts ou en salaires.
Les parts ne remplacent pas le salaire, elles donnent à la fois du pouvoir de décision et un devoir de résister aux épreuves. Le porteur comme le dév doivent donc accepter ces deux côtés.
Un constat, c'est qu'une bonne majorité des équipes en lancement pètent au bout d'un an, deux maxi. Ce n'est pas grave ! si ça été anticipé...
Une bonne pratique pour conclure, qui introduit la série sur les pratiques agiles que je prépare.
- Porteur de projet : imaginez que vous avez 10j de boulot d'un presta, pas plus. Quel est le périmètre que vous lui faites faire ? c'est ça le coeur de votre appli... Commencez par ça et oubliez le reste pour l'instant.
- dév : si un porteur de projet est capable de répondre à la question ci-dessus, c'est bon signe !
Bon, je me rends compte qu'il faudrait presque un article par point soulevé... A suivre, donc.