Nouveau mythe à démonter à mon avis : celui du rôle de l'argent dans l'entrepreneuriat.
Commençons par bien séparer les problèmes, il y a l'argent qui sert à se nourrir, et l'argent qui sert à développer la boite. A mon humble avis vous vous réservez des choix très désagréables si vous ne séparez pas clairement les deux..
Commençons par l'argent qui sert à se nourrir. Le grand avantage de celui-ci par rapport à l'autre, c'est que vous connaissez déjà votre appétit ! J'espère ne pas trop enfoncer de portes ouvertes dans ce post, je réponds juste aux questions que j'entends le plus souvent.
Le premier choix, c'est congé sabbatique vs assedic.
Congé sabbatique / congé création d'entreprise
J'entends toujours le même refrain : "il faut être salarié depuis plus de 6 ans et dans la boite depuis plus de 3 ans... " "et même si c'est le cas ils peuvent te le refuser et te faire poireauter 6 mois..."
C'est vrai, mais c'est juste l'OBLIGATION LEGALE de l'employeur.
Rien ne l'empêche d'être plus flexible avec vous.
Et surtout rien ne vous empêche de tenter votre chance en le lui demandant.
Côté réglementation, tout est ici pour le congé sabbatique et là pour le congé de création d'entreprise.
En deux mots : le congé sabbatique est compris entre 6 et 11 mois. Son petit frère le congé de création d'entreprise dure un an, renouvelable une fois. Vous partez, vous faites vos petites affaires, vous revenez si vous voulez, à poste et salaire comparable.
TOUT est négociable dans ces départs temporaires. J'en connais même qui ont réussi à conserver une partie de leur salaire (!), la boite étant bien contente de réduire sa masse salariale en période de crise aigue.
Si vous avez peur de vous faire placardiser en revenant, changez tout de suite de boite : toutes les boites intelligentes ont enfin admis que les profils attirés par les congés sabbatiques sont souvent dynamiques, ouverts, curieux, passionnés et la tête pleine de projets, bref, des 'hauts potentiels' en jargon RH.
Avantages ? évidemment, la sécurité du retour assuré en cas d'échec. C'est vrai. Et en prime parents et grand-parents sont rassurés.
- Ceci étant, vous aurez à mon avis tellement décuplé vos compétences en un an ou deux que vous pourrez retrouver un boulot assez facilement. Là aussi, les boites les plus intelligentes ont compris que l'échec fait partie de la vie d'un entrepreneur. Mon opinion si vous vous retrouvez dans ce cas-là : croyez en vous, envoyez votre CV dans ces boites et fuyez les autres... ( bon d'accord, je fais un peu le malin aujourd'hui)
- En outre, ces deux années vont vous ouvrir grand les écoutilles. Si vous devez redevenir salarié, aurez-vous vraiment envie de revenir là où vous étiez avant ?...
Inconvénients ?
- Pas d'Assedic. Vu sous un autre angle : sécurité, oui, mais à quel prix ? il faut en effet avoir sous votre matelas de quoi manger pendant deux ans, plus de quoi financer votre projet. Ce n'est pas donné à tout le monde.
- un minimum de pression et d'insécurité ne fait pas de mal. Une vraie dead line "ça marche ou j'aurai faim" apporte un peu de pragmatisme, et aide à ne pas papillonner sur 10 embryons de projets pendant 2 ans ( j'en suis précisément à ce stade-là aujourd'hui).
Assedic
Allons droit au but : les assedic, c'est 70% de votre salaire net, tous les mois pendant 23 mois.
Faites un calcul rapide et débrouillez-vous pour pouvoir en profiter : OUI, c'est quasiment indispensable de bénéficier des assedic pour se lancer sereinement, 98% des jeunes entrepreneurs français que je croise en profitent.
Un petit tour sur le simulateur du Pole Emploi ( quand il marche...) pour fixer les idées : pour un ancien salaire de 50k€ brut par an, vous toucherez environ en indemnités 2000€ net par mois, soit 24k€/an soit encore 48k€ au total, imposables aux taux standards d'impot sur le revenu ( 1700 €/an pour cet exemple).
Taclons au passage quelques idées reçues :
- tranquillisez votre conscience citoyenne : vous serez indemnisé comme créateur d'entreprise et non comme demandeur d'emploi. Vous ne volez personne.
- Non, vous n'êtes pas obligés de vous faire virer pour en profiter, il existe maintenant la rupture conventionnelle. Ca marche très bien.
- non, vous n'êtes pas obligé de faire semblant de chercher un CDI en parallèle. Même si votre projet est embryonnaire pendant un an. Un mini business plan suffit.
- Ca ne s'arrête pas d'un coup si vous gagnez votre premier euro, ça diminue tranquillement en fonction du salaire que vous percevez.
- oui, vous pouvez facilement abuser du système et "faire semblant" de créer une boite pendant deux ans. Merci de vous en abstenir, pour que ce système particulièrement simple et utile perdure et aide ceux qui veulent vraiment créer. (J'avoue avoir un peu de mal avec ceux qui partent 6 mois en tour du monde aux frais des assedic.)
Prenons un peu de recul. Je n'ai pas les derniers chiffres, mais en 2007, les business angels français ont investi 37 millions d’euros ( dans 214 entreprises, source France Angels).
Arrondissons à 75m€ sur 23 mois. C'est donc l'équivalent de 1500 indemnisés Assedic. Et non, pas plus !
Je n'ai pas trouvé le nombre de créateurs indemnisés, mais vous comprendrez que les assedic sont le premier business angel de France, tout simplement. Et ils ne demandent pas de capital en échange.
Avantages ?
- et bien tout simplement ça permet de payer le loyer, le steak et même quelques WE sympathiques pour se changer les idées
- démarches très simples, rien à cacher.
Inconvénients ?
- quand c'est fini... c'est fini. Mais bon si vous devenez vraiment entrepreneur, c'est la dernière fois où vous pourrez toucher ces indemnités, profitez-en !
Une fois que vous avez calé et assumé ce choix congé vs Assedic, le reste s'emboite assez vite :
Là où l'argent part
Train de vie
Evidemment il faut s'attendre à se serrer un peu la ceinture, et ça se prépare. Plus vous commencez tôt, plus vous pourrez saupoudrer votre quotidien de petits plaisirs. Finis les WE à l'autre bout de l'Europe ; les resto, théâtres et autres concerts en prennent un coup...
Pas tout seul
Votre conjoint(e) est-il prêt à partager la cure d'austérité ? à financer le maintien du niveau de vie ? Attention, sujet pourri si il n'est pas murement discuté au préalable !!
Si vous avez un enfant, ça joue évidemment mais ce n'est pas non plus rédhibitoire, surtout si il est tout petit ( pour être très franc, c'est à mon avis la plus facile et la plus classique des nombreuses 'fausses bonnes raisons' pour se convaincre de ne pas se lancer)
Optimisme ?
Ca y est, les deux années à venir sont budgétées. En serrant les dents, vous êtes persuadés que vous pourrez tenir le coup. Honnêtement, rajoutez quand même 30% à ce fameux budget...
Ne négligez pas cette préparation, c'est une garantie sérénité vitale, vous aurez suffisamment d'autres sujets sur lesquels douter.
Là d'où l'argent vient
Tous les moyens sont bons pour mettre du beurre dans les épinards, tant qu'ils ne vous détournent pas trop de votre projet principal. Concrètement, beaucoup d'entrepreneurs sont aussi consultants. Certains se découvrent alors une vocation et en font leur business...
Commençons par bien séparer les problèmes, il y a l'argent qui sert à se nourrir, et l'argent qui sert à développer la boite. A mon humble avis vous vous réservez des choix très désagréables si vous ne séparez pas clairement les deux..
Commençons par l'argent qui sert à se nourrir. Le grand avantage de celui-ci par rapport à l'autre, c'est que vous connaissez déjà votre appétit ! J'espère ne pas trop enfoncer de portes ouvertes dans ce post, je réponds juste aux questions que j'entends le plus souvent.
Le premier choix, c'est congé sabbatique vs assedic.
Congé sabbatique / congé création d'entreprise
J'entends toujours le même refrain : "il faut être salarié depuis plus de 6 ans et dans la boite depuis plus de 3 ans... " "et même si c'est le cas ils peuvent te le refuser et te faire poireauter 6 mois..."
C'est vrai, mais c'est juste l'OBLIGATION LEGALE de l'employeur.
Rien ne l'empêche d'être plus flexible avec vous.
Et surtout rien ne vous empêche de tenter votre chance en le lui demandant.
Côté réglementation, tout est ici pour le congé sabbatique et là pour le congé de création d'entreprise.
En deux mots : le congé sabbatique est compris entre 6 et 11 mois. Son petit frère le congé de création d'entreprise dure un an, renouvelable une fois. Vous partez, vous faites vos petites affaires, vous revenez si vous voulez, à poste et salaire comparable.
TOUT est négociable dans ces départs temporaires. J'en connais même qui ont réussi à conserver une partie de leur salaire (!), la boite étant bien contente de réduire sa masse salariale en période de crise aigue.
Si vous avez peur de vous faire placardiser en revenant, changez tout de suite de boite : toutes les boites intelligentes ont enfin admis que les profils attirés par les congés sabbatiques sont souvent dynamiques, ouverts, curieux, passionnés et la tête pleine de projets, bref, des 'hauts potentiels' en jargon RH.
Avantages ? évidemment, la sécurité du retour assuré en cas d'échec. C'est vrai. Et en prime parents et grand-parents sont rassurés.
- Ceci étant, vous aurez à mon avis tellement décuplé vos compétences en un an ou deux que vous pourrez retrouver un boulot assez facilement. Là aussi, les boites les plus intelligentes ont compris que l'échec fait partie de la vie d'un entrepreneur. Mon opinion si vous vous retrouvez dans ce cas-là : croyez en vous, envoyez votre CV dans ces boites et fuyez les autres... ( bon d'accord, je fais un peu le malin aujourd'hui)
- En outre, ces deux années vont vous ouvrir grand les écoutilles. Si vous devez redevenir salarié, aurez-vous vraiment envie de revenir là où vous étiez avant ?...
Inconvénients ?
- Pas d'Assedic. Vu sous un autre angle : sécurité, oui, mais à quel prix ? il faut en effet avoir sous votre matelas de quoi manger pendant deux ans, plus de quoi financer votre projet. Ce n'est pas donné à tout le monde.
- un minimum de pression et d'insécurité ne fait pas de mal. Une vraie dead line "ça marche ou j'aurai faim" apporte un peu de pragmatisme, et aide à ne pas papillonner sur 10 embryons de projets pendant 2 ans ( j'en suis précisément à ce stade-là aujourd'hui).
Assedic
Allons droit au but : les assedic, c'est 70% de votre salaire net, tous les mois pendant 23 mois.
Faites un calcul rapide et débrouillez-vous pour pouvoir en profiter : OUI, c'est quasiment indispensable de bénéficier des assedic pour se lancer sereinement, 98% des jeunes entrepreneurs français que je croise en profitent.
Un petit tour sur le simulateur du Pole Emploi ( quand il marche...) pour fixer les idées : pour un ancien salaire de 50k€ brut par an, vous toucherez environ en indemnités 2000€ net par mois, soit 24k€/an soit encore 48k€ au total, imposables aux taux standards d'impot sur le revenu ( 1700 €/an pour cet exemple).
Taclons au passage quelques idées reçues :
- tranquillisez votre conscience citoyenne : vous serez indemnisé comme créateur d'entreprise et non comme demandeur d'emploi. Vous ne volez personne.
- Non, vous n'êtes pas obligés de vous faire virer pour en profiter, il existe maintenant la rupture conventionnelle. Ca marche très bien.
- non, vous n'êtes pas obligé de faire semblant de chercher un CDI en parallèle. Même si votre projet est embryonnaire pendant un an. Un mini business plan suffit.
- Ca ne s'arrête pas d'un coup si vous gagnez votre premier euro, ça diminue tranquillement en fonction du salaire que vous percevez.
- oui, vous pouvez facilement abuser du système et "faire semblant" de créer une boite pendant deux ans. Merci de vous en abstenir, pour que ce système particulièrement simple et utile perdure et aide ceux qui veulent vraiment créer. (J'avoue avoir un peu de mal avec ceux qui partent 6 mois en tour du monde aux frais des assedic.)
Prenons un peu de recul. Je n'ai pas les derniers chiffres, mais en 2007, les business angels français ont investi 37 millions d’euros ( dans 214 entreprises, source France Angels).
Arrondissons à 75m€ sur 23 mois. C'est donc l'équivalent de 1500 indemnisés Assedic. Et non, pas plus !
Je n'ai pas trouvé le nombre de créateurs indemnisés, mais vous comprendrez que les assedic sont le premier business angel de France, tout simplement. Et ils ne demandent pas de capital en échange.
Avantages ?
- et bien tout simplement ça permet de payer le loyer, le steak et même quelques WE sympathiques pour se changer les idées
- démarches très simples, rien à cacher.
Inconvénients ?
- quand c'est fini... c'est fini. Mais bon si vous devenez vraiment entrepreneur, c'est la dernière fois où vous pourrez toucher ces indemnités, profitez-en !
Une fois que vous avez calé et assumé ce choix congé vs Assedic, le reste s'emboite assez vite :
Là où l'argent part
Train de vie
Evidemment il faut s'attendre à se serrer un peu la ceinture, et ça se prépare. Plus vous commencez tôt, plus vous pourrez saupoudrer votre quotidien de petits plaisirs. Finis les WE à l'autre bout de l'Europe ; les resto, théâtres et autres concerts en prennent un coup...
Pas tout seul
Votre conjoint(e) est-il prêt à partager la cure d'austérité ? à financer le maintien du niveau de vie ? Attention, sujet pourri si il n'est pas murement discuté au préalable !!
Si vous avez un enfant, ça joue évidemment mais ce n'est pas non plus rédhibitoire, surtout si il est tout petit ( pour être très franc, c'est à mon avis la plus facile et la plus classique des nombreuses 'fausses bonnes raisons' pour se convaincre de ne pas se lancer)
Optimisme ?
Ca y est, les deux années à venir sont budgétées. En serrant les dents, vous êtes persuadés que vous pourrez tenir le coup. Honnêtement, rajoutez quand même 30% à ce fameux budget...
Ne négligez pas cette préparation, c'est une garantie sérénité vitale, vous aurez suffisamment d'autres sujets sur lesquels douter.
Là d'où l'argent vient
Tous les moyens sont bons pour mettre du beurre dans les épinards, tant qu'ils ne vous détournent pas trop de votre projet principal. Concrètement, beaucoup d'entrepreneurs sont aussi consultants. Certains se découvrent alors une vocation et en font leur business...
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