J'ai eu pas mal de questions suite à la première série d'articles, je détaille donc un peu ce qui se trame sous l'expression "web 2.0.". (Le public du blog étant assez varié, je balaie large dans mes explications !)
Je pourrais résumer le web 2.0 à la présence de ces jolis petits
logos en bas de page sur la plupart des medias en ligne (ici sur lemonde.fr)
Mais
ça ne vous renseigne peut-être pas beaucoup... En détaillant un peu
plus, les premières utilisations du web étaient surtout de pousser des
informations à des utilisateurs assez passifs, un peu comme devant leur
télé, avec juste en plus la possibilité d'acheter tout et n'importe
quoi. Je demande un adresse aux pages jaunes, les pages jaunes savent
et me répondent.
Et puis un jour les mêmes utilisateurs se sont rendus compte qu'ils
avaient un clavier, un appareil photo, un micro, une caméra, des
passions, des idées, bref, tout un potentiel créatif qu'ils auraient
bien aimé partager.
Le coeur de métier des entreprises acteurs de ce web "deuxième version"
n'est donc plus de proposer du contenu, mais de fournir aux
utilisateurs une plateforme aussi ergonomique que possible afin qu'ils
puissent publier le leur. Et c'est bien plus facile à faire !
Les champs d'applications de cette manière de faire commencent à peine à apparaitre:
Au
premier niveau, on retrouve les publications, blogs, commentaires ("je
lance mon humble avis, qui m'aime l'écoute... "), et tous les
abonnements liés ( cf mon précédent message)
Au deuxième niveau, on observe les réseaux sociaux. Parce que l'homme
reste un animal social avant tout, et que les amis de mes amis ne sont
surement pas complètement inintéressants.
Et
plus on grimpe, plus nos schémas classiques sont bousculés : on atteint
les premières signes tangibles de la "sagesse des foules". J'étais le
premier à penser que le QI d'une foule est celui du plus bête divisé
par le nombre de participants, force est de constater que, sous
certaines conditions, c'est loin d'être le cas.
Par exemple...
En partageant mes favoris sur Delicious ou Tecnorati, j'approuve
implicitement les sites web en question et donne de la valeur à leur
contenu.
En insérant un lien dans mon blog vers deinki.com, j'indique à Google que ce site est intéressant.
En corrigeant un détail sur wikipedia, je contribue à en faire la source d'info la plus fiable qui soit.
Ca donne aussi des milliers de développeurs indépendants qui offrent gratuitement un logiciel de pointe, juste pour le plaisir.
Ca
donne des internautes persuadés que l'Inconnu n'est pas forcément
mauvais, et qu'il pourrait même dormir dans leur canapé si besoin (on
le saura, je milite pas mal pour Couchsurfing...)
Où sont les prochaines étapes ? bonne question... certains ont leur petit idée, et c'est entre autres à ça que je réfléchis depuis 4 mois !
Effet de mode ou lame de fond ?
En y regardant bien, ces
pratiques sociales ne sont pas si révolutionnaires. De mon côté je n'y
vois qu'un juste retour aux bonnes vieilles relations du bar du
village, après la parenthèse de la télévision. La seule différence,
notable, est le nouvel a priori de confiance envers les inconnus qui
est apparu entre temps (vaste sujet de sociologie, j'y reviendrai
peut-être plus tard...)
Du côté stratégique, il y a un petit détail révélateur : les "versions béta" qu'on voit fleurir un peu partout (Gmail, la messagerie de Google, est toujours en béta des années après son lancement). L'avis des utilisateurs est la clef du succès ? on lance donc vite un service à peine dégrossi pour avoir des retours rapides. Si c'est positif, on garde et on améliore selon leur demandes, si c'est un flop, on abandonne vite et on lance le suivant. L'important n'es pas d'avoir un unique produit léché, mais une brouette d'expérimentations en cours. C'est assez différent de l'approche de Renault par exemple, qui bichonne en secret sa Laguna pendant sans doute 18 mois, et dont finalement personne ne veut (désolé Stéphane :-)).
Du côté du modèle économique, on est forcément destabilisé par la gratuité quasi-omniprésente de ces services.
On peut comprendre les bloggeurs et autres commentateurs passionnés : ils font ça comme un hobby.
Certains modèles de logiciels libres de leur côté rentrent finalement
dans le moule classique en offrant la gratuité complète pour
l'utilisation standard, et en facturant conseils et expertise pour les
utilisations haut niveau. Ce n'est finalement qu'une excellente
innovation marketing pour attirer les clients et un décalage dans le
temps du retour sur investissement.
Pour le reste de la meute, la rémunération à la publicité n'est que la
première étape (rien ne garantit que ce système perdure d'ailleurs). La
deuxième est évidemment la richesse marketing potentielle des bases de données générées par les utilisateurs. Même si il y a un deuxième petit
effet "bulle" en ce moment, les poids lourds ont d'excellentes raisons
de dépenser des centaines de millions de dollars pour acheter des sites
ne générant quasiment aucun chiffre d'affaires, et encore moins de
bénéfices.
Et l'entreprise standard dans tout ça ? elle a bien du mal à
comprendre ce qui lui arrive... Pourtant, les bonnes vieilles méthodes
héritées du fordisme avaient fonctionné jusqu'à maintenant !
Planification, stratégie à 5 ans, hiérarchie, contrôle, spécialisation,
avis d'experts et décisions en petit comité. Même le web première
génération était rentré dans ce moule... Cette fois-ci, ça va trop vite
et l'embrayage semble un peu tout cassé : elle n'arrive ni à utiliser
ces nouveaux services ni à suivre leurs exemples pour remettre en
question sa propre organisation. Les rares qui y parviennent creusent
l'écart à vue d'oeil, mais ce sera pour un autre article...
Voir un très bon blog sur ces derniers points : ça fait 15 ans que l'entreprise est à la traine sur toutes les innovations de communication.
Pour ceux qui veulent aller un peu plus loin, n'hésitez pas à m'en parler, je suis preneur de votre scepticisme ou de vos réactions !
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